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Burkina Faso : la Banque africaine de développement apporte une contribution décisive à l’assainissement de la ville de Ouagadougou

Olivier Tiendrébéogo est étudiant en géographie à l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou. Il habite Gounghin, à quelque 200 mètres du Canal du Mogho Naba qui traverse plusieurs quartiers de la capitale burkinabè sur quatre kilomètres de long. La zone est réputée fortement inondable. Mais en dépit des prévisions météorologiques annonçant une forte pluviométrie cette année, la saison des pluies naissante n’inspire chez le jeune homme aucune crainte particulière.

Le 1er septembre 2009, Olivier avait 11 ans lorsque Ouagadougou a connu de terribles inondations, causant une cinquantaine de morts et près de 200 000 sinistrés, détruisant 42 000 maisons et traumatisant 4 000 enfants, selon l’Unité de gestion des secours d’urgence mise en place par le gouvernement. Trop exigu, mal aménagé, utilisé comme une décharge d’ordures par les populations riveraines, le Canal du Mogho Naba n’avait pu contenir la furie des eaux. « Il y en avait partout, nous étions comme dans un barrage, se souvient Olivier. Deux petites maisons se sont effondrées dans notre cour. Nous avons trouvé refuge pendant quelques heures chez un voisin, à l’étage. »

Douze ans plus tard, le premier Sous-projet d’assainissement des quartiers périphériques de Ouagadougou a obtenu des résultats tangibles. Lancé en 2013, ce sous-projet est mis en œuvre grâce à un don de la Banque africaine de développement d’un montant de 33,02 millions d’unités de compte, sur un coût total de 36,98 millions d’UC 5 (environ 39,8 millions d’euros). Toujours en cours, le sous-projet a permis de réaliser d’importants travaux sur le Canal du Mogho Naba, permettant désormais d’évacuer plus facilement les eaux pluviales et de mieux gérer les déchets solides.

L’aménagement a notamment consisté en la construction de 3 875 mètres de canal, 240 000 mètres cubes de bassin de rétention, plus de 17 kilomètres de canaux d’évacuation des eaux pluviales et cinq ouvrages de franchissement.  « Une servitude de 20 mètres a été fixée de part et d’autre du canal afin de limiter les risques liés aux inondations, explique Justin Bassolé, environnementaliste à la mairie de Ouagadougou. Quelque 1 570 personnes ont dû être délocalisées sur des terrains viabilisés à Bassinko (quartier nord de la ville), puis indemnisées. Cela a coûté 1,35 milliard de francs CFA (2 058 000 euros) à l’État. »

Des travaux connexes ont été réalisés pour le bonheur des riverains. Olivier se réjouit ainsi de la pose récente de lampadaires sur les berges du canal. « Les aménagements autour du canal ont contribué à mieux sécuriser la zone. Avant, on ne pouvait pas s’y aventurer au-delà de 18 heures. C’était un repaire de délinquants. Le matin, on y découvrait même souvent des cadavres ou des bébés abandonnés. Maintenant, on peut passer par là, sans crainte, jusqu’à une heure avancée, ce qui favorise le développement d’activités commerciales et distractives la nuit. »

À Cissin, quartier voisin de Gounghin, l’impact du sous-projet est bien visible sur le cadre de vie. Outre l’électrification et la plantation d’arbres sur les berges du canal, des canaux secondaires bordent plusieurs rues tandis que de nouveaux bacs à ordures sont déposés devant plusieurs concessions. Les déchets collectés seront envoyés dans un centre de collecte et de tri installé dans le quartier, puis dirigés vers un site d’enfouissement.

Avec leurs 550 élèves, les écoles Georges Namoano A et B comptent parmi les heureux bénéficiaires du projet à Cissin. Pendant longtemps sans clôture, elles étaient surnommées « poto-poto », terme qui désigne en langue nationale dioula la boue.

« C’était la croix et la bannière pour arriver à l’école dès qu’il pleuvait, raconte Évariste Kaboré, directeur de la première école. À la rentrée d’octobre, parfois le site ressemblait à un bas-fond, avec beaucoup d’eau et de hautes herbes. C’est vers la mi-octobre que les élèves reprenaient vraiment le chemin des classes ». Justin Bassolé explique que lors de la visite d’une délégation de la Banque africaine de développement, les deux écoles ont formulé une requête à laquelle la Banque a répondu favorablement. La clôture a été réalisée en 2017. Évariste Kaboré s’en réjouit : « avec cette clôture et les ouvrages réalisés dans le quartier, l’eau ne stagne plus ici, et nos élèves sont davantage en sécurité. »

Au total, la zone d’impact du sous-projet couvre 45% de la population de Ouagadougou estimée aujourd’hui à 2, 5 millions d’habitants. Les actions menées contribuent à réduire les inondations, diminuer le taux de prévalence des maladies d’origine hydrique et créer des emplois temporaires et permanents dans l’assainissement. En apportant un appui décisif, la Banque africaine de développement confirme une des ambitions des « High 5 » : améliorer la qualité de vie des populations en Afrique.

African Development Bank Group

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