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A Casablanca, une première mondiale met en lumière le secteur de la santé soutenu par la Banque africaine de développement

A l’aube du 4 mai 2021, une symphonie de notes aigues envahit doucement les couloirs du service de néonatalogie de la Clinique Ain Borja Casablanca, au Maroc. Lumière crue, visages masqués et gestes précis, une nuée de médecins et d’infirmières s’active au bloc opératoire pour accueillir des nouveau-nés qui livrent leurs premiers cris.

Ce jour-là, une jeune malienne a donné la vie à des nonuplés, une véritable première mondiale. La clinique, située dans la capitale économique du Maroc, vient d’entrer dans la cour des grands. Pour relever ce défi, une équipe de gynécologues, pédiatres, réanimateurs-anesthésistes, cardiologues puéricultrices assistés par plus de 20 personnels paramédicaux, fut mise à l’épreuve. La pression était considérable : il fallait à la fois maintenir en vie la maman et sauver neuf grands prématurés au pronostic vital, pour la plupart, engagé.

« C’est un sentiment extraordinaire, une immense fierté. Encore aujourd’hui, quand j’y pense, j’ai chaud au cœur », se rappelle, avec émotion, l’infirmière en cheffe du service de néonatalogie, Soumia Arkoubi.

Le professeur Youssef El Alaoui, directeur médical de l’établissement, a géré, de main de maître, cette intervention complexe. Chaque geste avait été répété, chaque scénario anticipé et chaque soignant minutieusement préparé. Et la vie a fini par triompher : les neuf bébés ont vu le jour et ont été suivis jusqu’à ce que leur vie ne soit plus en danger.

Pour le chef d’orchestre, ce succès n’est pas une surprise : « on nous perçoit comme un pays en voie de développement alors que nous avons les compétences et les équipements aux normes internationales. Bref, tous les ingrédients pour réussir », explique le professeur El Alaoui.

La Clinique Ain Borja Casablanca est un des fleurons d’Akdital, un groupe de santé privé qui gère neuf établissements à travers le Maroc. Il développe une offre pluridisciplinaire de soins dans des domaines très spécialisés, notamment la réanimation pédiatrique, la chirurgie cardiaque ou encore l’oncologie.

Faire de l’accès aux soins une priorité, telle fut l’ambition, en 2011, de son fondateur, le docteur Rochdi Talib, en inaugurant le premier établissement de santé du groupe. Complémentaire du service public, il répondait alors à une hausse de la demande des services de santé, stimulée par une forte croissance démographique. Très vite, ces établissements étoffèrent leur offre : « le secteur privé offre environ un tiers des lits. Parmi ces lits, 10% viennent du groupe Akdital et, dès 2022, nous allons doubler notre capacité pour passer de 1 000 à 2 000 lits », précise le docteur Talib.

C’est à son fondateur que le groupe Akdital doit son essor mais également à l’ouverture de son capital au fonds d’investissement Mediterrania Capital Partners (MCP), soutenu par la Banque africaine de développement. Ce véhicule financier investit dans des petites et moyennes entreprises au fort potentiel qui cherchent à se développer sur le continent dans des secteurs aussi variés que la santé, l’industrie, l’agriculture ou l’éducation.

En 2017, la Banque a ainsi pris une participation de 15 millions d’euros, contribuant à l’expansion du groupe Akdital, qui ouvrira ensuite sept nouveaux établissements.

Si l’offre de santé se développe, ces nouveaux établissements créent des opportunités d’emplois et suscitent de nombreuses vocations. La naissance d’Hawa et de ses huit autres frères et sœurs confirme l’attractivité du secteur marocain de la santé, comme se plaît à le rappeler le docteur Talib : « mon rêve est de rayonner dans mon pays et sur le continent africain en rendant service aux miens, les Africains, car notre histoire reste africaine et notre avenir est africain. Et on a tout intérêt à être solidaires les uns envers les autres. On veut partager notre réussite avec nos frères d’Afrique. »

Le secteur de la santé est un enjeu majeur pour le développement du Royaume, en particulier dans le contexte actuel de pandémie mondiale. Pour aider à y faire face, la Banque africaine de développement a soutenu en urgence le Maroc en apportant plus de 380 millions d’euros à travers le programme d’appui à la réponse au Covid-19 (PARC-19) et le financement additionnel du programme d’appui à l’amélioration de la protection sociale (PAAPS-FA Covid-19). D’importants moyens ont été mobilisés en faveur du secteur public : 54 services d’urgence hospitalière ont ainsi été réhabilités, près de 670 nouveaux lits de réanimation installés, et plus de 30 nouveaux centres de dépistage rendus opérationnels. « Avec le Maroc, nous avons été en première ligne pour lutter contre le virus et sauver des vies. Nous en sommes fiers », affirme Achraf Hassan Tarsim, le responsable-pays de la Banque africaine de développement pour le Maroc.

C’est aussi un enjeu pour le continent. Les défis à relever sont à la taille de l’Afrique, dont la population quadruplera d’ici à la fin du siècle pour atteindre environ 4,5 milliards d’habitants. Alors que les luttes contre le SIDA, le paludisme et les maladies diarrhéiques chez l’enfant se poursuivent sur le continent, l’établissement de passerelles sanitaires entre les pays du continent est un recours évident. La Banque africaine de développement le favorise en soutenant un processus d’intégration via des acteurs publics mais également privés.

Naître, guérir, se relever, soigner, favoriser la vie relève parfois de l’épreuve mais aussi de l’exploit, comme ce fut le cas de cette jeune Malienne.

Car chaque vie compte. Car chaque destin compte.

African Development Bank Group

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